Les conséquences positives du télétravail -ou- Comment repenser ma posture managériale ?
Publié le 10 janvier 2022
Inscrit en 2013 dans les politiques d’organisation de la QVT (Qualité de Vie au Travail), l’accord national adopté en a fait « un levier d’articulation (vie professionnelle – vie personnelle) et de bien-être. »
Les craintes du manager d’antan s’articulaient explicitement autour de la perte de contrôle des collaborateurs. S’il était possible de voir que Tartempion passait trop de temps à la machine à café, il est devenu plus difficile de savoir combien de temps le même Tartempion a passé à crafter des pokéball pour remplir sa Pokédex, sous l’œil admiratif de son rejeton.
La solution pour que le télétravail soit vécu comme une amélioration de la QVT ? C’est peut-être le dirigeant et ses cadres qui la détiennent. Il s’agit de repenser la posture managériale et d’intégrer une relation de réciprocité avec les collaborateurs.
DE LA RÉCIPROCITÉ DANS L’AUTONOMIE DU COLLABORATEUR
La nouvelle flexibilité spatiale et temporelle du travail oblige le manager à recréer des conditions organisationnelles et humaines différentes. Les collaborateurs doivent pouvoir choisir où travailler et disposer d’outils adéquats quel que soit l’endroit où ils sont.
DE LA RÉCIPROCITÉ DANS LA RELATION DE CONFIANCE
Le télétravail nécessite de renforcer (ou de créer) une relation de confiance entre manager et managés. Aux collaborateurs de s’engager sur des objectifs réalisables et au manager de mettre les moyens pour la réalisation des objectifs. L’un et l’autre deviennent intimement liés pour réussir malgré les conditions externes.
DE LA RÉCIPROCITÉ DANS LA RECONNAISSANCE
Le télétravail nécessite de faire preuve de reconnaissance. Plus que jamais, le collaborateur doit se sentir reconnu comme un héros. Il continue de travailler malgré un cadre et une ambiance plus familiale que professionnelle, malgré les nouvelles tâches dont il doit s’acquitter auprès ses enfants (tests, salles de classes fermées), sans compter la gestion des horaires calée sur les enfants et non plus sur les heures de bureau. S’il est prêt à tout pour continuer de travailler « comme si de rien n’était », il a certainement besoin qu’on lui reconnaisse son talent d’adaptation. La reconnaissance ici, sera le lien inestimable qui lui évitera un sentiment solitude. Le manager doit dorénavant user de toutes ses qualités d’empathie pour reconnaître que ses collaborateurs sont devenus des héros.
DE LA RÉCIPROCITÉ DANS L’ACCOMPLISSEMENT DE SOI
Au vu du délitement de la frontière pro-perso (spatiale et temporelle), il est plus que nécessaire d’envisager le travail comme une réponse à un besoin d’accomplissement de soi. Le travail devenant alors dans la pyramide de Maslow le dernier étage. Ce qui induit radicalement un changement de posture du manager : il n’a plus à contrôler, mais plutôt à faciliter la réalisation de ses collaborateurs.
DE LA RÉCIPROCITÉ DANS LES LIENS DE L’ÉQUIPE
Le manager doit créer des espaces d’échanges et de dialogues et participer activement au renforcement des liens d’équipe. Formations, action game, conventions sont à repenser comme des lieux privilégiés d’échanges et de dialogues indispensables desquels doivent émaner des sentiments positifs : enthousiasme, joie, réalisation, plaisir, admiration.
Le télétravail vu sous cet angle est donc bien une opportunité d’évolution de la Qualité de Vie au Travail. C’est en même temps, l’émergence d’une nouvelle posture managériale. Intégrer la notion de réciprocité induit la disparition d’une nouvelle frontière : celle de la différence de traitement entre les collaborateurs et leurs cadres. La transition du management de contrôle vers un management par l’autonomie, la confiance, la reconnaissance entraîne un renforcement de l’esprit d’équipe, clef de voûte indispensable pour que chacun ait l’opportunité de se réaliser et de s’accomplir dans son travail.
Confiance, autonomie, défi, agilité deviennent une réalité fortement accélérée… à cause ou… grâce au télétravail ?
Ecrit par Karine Souday, docteure ès lettres